through a city of lights, love at first sight.

and if the problem child is gone now, i’ll consider you.

Ma mère était littéralement une pute mal baisée. Enfin, pas une vraie prostituée bien sûr (j’ai beaucoup de respect pour elles, réussir à avoir de l’argent en échange de son corps, WOW, what’s your secret gurlz ?!). Mais elle restait une mal baisée. Réellement, qui peut être assez con que pour laisser le dieu de la mort lui-même pénétrer son bosquet fleuri dès le premier soir ? J’ai toujours dit que cette femme était profondément stupide. Résultat des courses : neuf mois plus tard, elle devient une jolie (hem) jeune mère de 23 ans alors qu’elle était promise à une grande carrière de mannequin (ou de coiffeuse, je sais plus trop bref, c’est pareil) avec un petit ange (moi) à charge. Et par la même occasion, elle devient aussi la honte de la famille Fontaine. Elle s’est fait avoir comme une de ces pauvres gamines de 16 ans qu’on trouve dans les émissions débiles de MTV. Ou en Picardie, y en a pas mal aussi à ce que j’ai entendu et c’est pas très beau à voir, croyez-moi. En gros, elle se retrouve telle une pauvre bille, sans plus personne d’autre que moi, et elle ne s’est pas privée pour me le rappeler… à peu près tout le temps. Et oui, certains enfants voient leurs soirées bercées de douces chansons telles que « Fais dodo, Colas mon p’tit frère », d’autres ont droit au classique « Dodo, l’enfant do », mais moi c’était à coup de « Sale gamine, tu as gâché tout mon avenir » et autres « Imagine où je serais si une petite saloperie comme toi n’était pas arrivée pour me pourrir l’existence » que je m’endormais pour rejoindre les bras de Morphée (qui, au passage, sont fort confortables, juste ce qu’il faut de muscle que pour soutenir parfaitement votre tête !).

Heureusement pour moi, je n’étais pas seule. Non, j’entendais des voix. Des gens qui me parlaient. Parfois je les voyais, parfois pas. Cela dépendait de leur humeur, de leur envie de se montrer ou non, j’imagine. Le détritus qui me servait de génitrice m’agressait à coup de poêle ou de louche (en fonction de ce qui lui tombait sous la main) quand je lui en parlais. Elle disait que j’étais soit a) une vieille schizophrène comme ma grand-tante Lulu (qui passait souvent les dimanches après-midi avec moi, heureusement que maman la pensait au fond du cimetière) ; b) une petite impertinente qui ne méritait rien d’autre que la fessée en public à coup de ceintures ; c) une enfant stupide, digne héritière de mon père. Mais dans tous les cas, elle disait que je finirais ma vie entourée d’une bonne soixantaine de chats (restait à savoir s’ils seraient vivants ou non – badum tss). Puis un jour où je me reposais, allongée sur la tombe de la grand-tante Lulu, j’ai vu un cadavre sortir du sol (le sien ! celui de la grand-tante Lulu, je vous dis pas ma tête), et j’ai commencé à me dire qu’en effet, quelque chose de pas très normal m’arrivait. Les voix que j’entendais et les gens que je voyais n’étaient peut-être pas que de simples archétypes que j’avais inventés pour me sentir moins seule dans ma solitaire solitude. C’est le moment que mon cher, tendre et adoré père (Letos, de son sublime prénom) que j’aimais tant (hem) a choisi pour m’apparaître et me dire quoi faire. Il fallait bien que quelqu’un le fasse, ma pauvre tâche de mère étant en train de croupir dans le fond de notre salle de bain à cause de la 17ème bouteille de triple-sec qu’elle avait vidée.

Enfin. C’était pas trop tôt pour qu’il me donne des nouvelles, tiens. Après une discussion plus ou moins mouvementée et une proposition de raclette pour la semaine suivante (je pense qu’il ne m’a pas entendue, parce que je l’attendais toujours), je me mis en route vers… la direction qu’il m’indiqua. Il m’avait dit d’aller en Amérique et de suivre l’Ouest, jusqu’en Californie, mais avec mon sens de l’orientation exceptionnel, j’aurais aussi bien pu aller droit vers le Japon, je ne l’aurais même pas réalisé. Toujours est-il que par un miracle des dieux (ouais parce que maintenant, étrangement, j’y crois), je me suis retrouvée dans la vallée de Sonoma avec une louve nommée Lupa qui m’a entraînée. Je sais pas comment, je sais pas quand, je sais pas pourquoi. Je sais juste que c’est arrivé et que j’étais beaucoup trop à l’ouest pour me rendre compte de quoi que ce soit. Puis je ne suis pas vraiment du genre à me servir de montres ou de calendriers, donc bon. Je sais juste que l’année de mes quatorze ans, j’ai été envoyée au camp Jupiter, parce qu’apparemment, j’étais prête (mais prête à quoi, ça je ne le sais pas). J’ai fini dans la quatrième cohorte, et si j’ai bien entendu c’était surtout dû à un problème de surpopulation de la cinquième. J’assume pleinement mon statut de larve et je n’hésite pas à me servir de mes super pouvoirs dès qu’un petit con s’amuse à le tourner en dérision. OH j’oubliais ! Je me suis retrouvée embarquée dans une quête aux motifs obscurs nimbés de brumes et de mystères, je sais même pas vraiment où on se trouve, je sais juste qu’on a capturé des grecs et qu’ils sont nos prisonniers, et qu’une de mes goules leur sert de garde. C’est pas super cool ?!