LET ME TAKE A VODKA-SELFIE

LET ME TAKE A SELFIE

Daniel est né au Pays de Galle, le second jour de l'année. Il a l'habitude de dire, en riant, que dès sa naissance, il était déjà un chieur. Un bon gros chieur, yep. Mais sa mère lui répète qu'au contraire, en naissant à cette date, il lui a juste donné une seconde super bonne nouvelle. Mais Danny doute que devoir courir à l'hôpital avec un ventre à deux doigts de l'implosion est quelque chose de super.

Sa mère était, et est toujours, une femme adorable. Américaine pur-sang, elle avait rencontré son mari lors d'un voyage en Angleterre avec un groupe d'amies. C'est une belle femme légèrement ronde, qui n'avait qu'un seul gros souci, un seul et unique défaut : son amour de l'infidélité. En effet, Daniel ne compte pas le nombre d'amants que sa mère a eu et qu'il a vu, mais il est maintenant certain d'une chose : sa douce et adorable mère a eu un amant, neuf mois avant sa naissance, qui n'avait rien d'humain.
Déjà tout gosse, Danny avait des graves problèmes d'hyperactivité, que seule une dosse importante de médicament pouvait potentiellement commencer à le calmer. Son "père" disait en se bedonnant désagréablement que cela venait de lui -parce que c'était un homme qui ne pouvait pas rester en place, lui aussi- et a chaque fois, la mère hochait la tête avec une grimace tendre qui devait être au départ un sourire acquiescé.

Mais de toute façon, Daniel grandit, entouré d'amour, à Cardiff, là où il était né. Il était peut-être hyperactif à en fatiguer le pire des sportifs, mais c'était surtout un enfant adorable qui n'avait aucun souci de sociabilité. Il avait sa petite bande d'amie, qui était en fait plutôt grande. Tous les autres gosses adoraient Danny, le petit garçon joyeux et souriant, qui connaissait beaucoup de choses sur tout et n'importe quoi...
Petit garçon qui, malheureusement, déménagea à ses 10 ans, se retrouvant, sans rien comprendre, en plein milieu des Etats-Unis. Il n'aimait pas, parce que l'accent était différent, et que les gens parlaient tellement vite qu'il ne comprenait pas toujours. Il n'aimait pas aussi et surtout, parce qu'il n'y avait plus la vieille femme anglaise qui lui donnait toujours des bonbons à l'heure du thé.

Daniel grandit. Et au fur et à mesure, c'était plutôt chiant de voir certains de ses professeurs se mettre à somnoler sans raison, ou ses amis, pendant qui leur parlait. À vrai dire, c'était totalement et invariablement dérangeant.
C'était aussi incompréhensible. Qui parle avec entrain, et deux minutes plus tard, penche dangereusement vers l'avant, près à tomber endormie ? Personne de normal...

Danny parla une fois de ça à sa mère, et cette dernière écarquilla les yeux avant de pencher la tête. Elle semblait réfléchir, si bien que les trois cents phrases suivantes restèrent sans réponse.
Il apprit plus tard que c'était parce qu'elle ne voulait pas le livrer aux Romains, malgré que son ancien et meilleur amant l'a prévenue, quand ils avaient tous les deux remarqués le petit souci de capote. Il lui avait dit qui appeler si jamais, pour que Daniel soit protégé.

Elle se prit deux jours, pour réfléchir totalement, avant d'appeler celui qui devait l'être. Elle lui donna son fils pour un certain temps, pour qu'il lui explique. Pour que Daniel sache qu'il n'était pas totalement humain, et ce qui allait se passer. Curieux comme il était -un peu trop-, le petit brun partit directement rejoindre ce camp. Il passa l'entrainement, et finit dans la seconde cohorte, sans n'avoir rien demandé à personne. Entre temps, il avait bien entendu apprit à contrôler son pouvoir.

Il était resté le petit garçon souriant et joyeux, un peu trop actif, qu'il était avant. Il se fit pas mal d'amis grâce à cela, d'ailleurs, et grandit entouré de demi-dieux, ce qui ne l'a jamais dérangé. Il ne la quitta jamais, en fait, après l'école, parce qu'il n'était clairement pas fait pour l'université... Clairement pas !